« Le tourisme de demain : résilient, bienveillant et bas carbone »
« Une participation à la restauration de la biodiversité »
« Un tourisme qui contribue à la lutte contre les changements climatiques »
« Un outil pour faire évoluer durablement les mentalités »

Ce que nous avons retenu du colloque sur le tourisme du futur à Nantes en 3 points

Colloque Tourisme du Futur à Nantes
En ce début septembre 2021, s’est tenu un colloque sur le tourisme du futur au sein de l’effervescente ville de Nantes. Si de nombreuses thématiques ont été abordées durant les 2 journées dédiées à l’avenir du secteur, en voici un résumé volontairement non exhaustif.

#1 Voyager est et restera un besoin pour l’être humain, mais d’autres modalités pour le concrétiser peuvent être pensées afin d’imaginer un tourisme plus durable

Pourquoi voyage-t-on aujourd’hui ? Est-ce une quête, une fuite, une thérapie ? S’il est important de ne pas perdre de vue que seule une faible part des humains peuvent se permettre de voyager dans le monde, quelles sont les motivations profondes de ces derniers ?

Selon Charles Pépin, philosophe, le voyage offre la chance de rencontrer l’altérité, c’est un agrandissement du rapport au monde, du rapport à soi et aux autres. Le voyage permet par ailleurs de retrouver un rapport poétique au monde. Il nous permet d’ouvrir les yeux sur les choses qui nous échappent.

En ce sens, Marie-Julie Gagnon, journaliste, considère que le voyage rend service à notre civilisation : vecteur de rencontres, d’apprentissage, de mixité, il facilite la compréhension des autres et du monde et permet de développer l’empathie. C’est ainsi l’un des gages du maintien de la paix dans le monde.

le voyage rend service à notre civilisation

Néanmoins, il s’agit de retrouver un peu de lenteur dans nos modes de voyager et de ne pas céder à la dictature des choses à faire dans la vie. Un certain marketing de la sobriété devrait alors être engagé (Rodolphe Christin, sociologue), dans la mesure où la rareté du voyage peut en consolider son intensité.

 

#2 La capacité de contrôle des flux touristiques : entre régulation de la sur-fréquentation et questions éthiques de la liberté individuelle et sociale

Colloque Tourisme du Futur à Nantes - le cas de BarceloneXavier Marcé, adjoint au tourisme et aux industries créatives à la Mairie de Barcelone a partagé les mesures prises au niveau de la ville afin de gérer certains phénomènes touristiques générant des nuisances, à la fois pour les riverains et les visiteurs. Si le contrôle des logements illégaux et la digitalisation de la profession (réservation obligatoire pour accéder à certains sites touristiques) s’avèrent être des outils performants, d’autres mesures restrictives seraient possibles. Pourtant, elles ne s’avéraient pas être en adéquation avec la politique globale de la ville. C’est le cas par exemple de la tarification incitative : pour accéder à certains sites et sur certaines périodes, des prix plus ou moins élevés pourraient être pratiqués.

Doug Lansky, leader d’opinion en développement touristique, insiste sur le fait qu’au-delà des contradictions sociales (accès pour tous aux villes sans distinction de moyens), il reste éthiquement difficile de stopper fermement la venue des visiteurs sous un régime démocratique.

 

#3 Le visiteur d’aujourd’hui et de demain, ce grand inconnu ou comment sortir d’une vision occidentalo-centrée de l’observation touristique

À plusieurs reprises, l’absence de recherche approfondie en matière de tourisme a été soulignée par les intervenants. Cette faiblesse de la réflexion sur le tourisme est tout à fait dommageable. Les visiteurs ne sont pas une simple masse touristique qui se déplace, mais bien des individus motivés par différentes variables. C’est pourtant une des clés dans la compréhension des comportements et attentes visiteurs, permettant à terme de re-considérer certaines politiques touristiques.

Saskia Cousin, anthropologue, a notamment pu partager ses observations sur les manières dont se réalisent les loisirs au Sénégal. Ils ont en effet dans ce pays un sens très différent de celui qu’ils ont dans les pays occidentaux. Pour exemple, l’accueil par Airbnb y est pratiqué par les expatriés uniquement. Marchandiser l’accueil à son domicile pose problème aux sénégalais pour qui l’hospitalité doit être nécessairement rendue (accueillir quelqu’un chez soi implique d’être accueilli en retour).
> Nous avons récemment publié un article de Saskia Cousin ici.

De même, le rapport à la mobilité et à l’immobilité est très différent chez les sociétés orientales et occidentales. En occident, la mobilité est construite comme une valeur suprême. En témoigne par exemple un certain mépris pour les classes populaires qui vont pendant 30 ans dans le même camping et qui n’auront pas des pratiques touristiques dites « distinctives » comme celles de prendre l’avion pour partir loin et découvrir de nouvelles destinations. A l’inverse, en Asie, la valeur accordée à l’immobilité et la passivité est positive, et témoigne d’une certaine sagesse et maîtrise de soi.

De ce point de vue, il est ainsi primordial de se poser la question de savoir comment repenser le tourisme et ses indicateurs d’observation. Plus que de retenir les chiffres de l’aérien, plus que ceux de l’hébergement, l’observation qualitative – et non uniquement quantitative – pourrait améliorer la connaissance des comportements touristiques tels que les avis voyageurs laissés sur les sites communautaires ou l’impact sociétal positif sur les communautés locales (ex : indicateurs de parité, etc.).

Les différents échanges ont ainsi permis de dresser certains aspects du portrait visiteur de demain, et de s’interroger sur les pratiques touristiques actuelles et leurs impacts pour demain. Pour les organisateurs du colloque (Le Voyage à Nantes), toute cette réflexion donnera lieu à différents chantiers de travail et d’échanges autour de la mise en place d’une stratégie touristique avec les acteurs locaux. Le voyage à Nantes imagine ainsi valoriser ces travaux, via un « manifeste du tourisme nantais » (fondement d’une charte sur de réels engagements).
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