Transition du tourisme : l’avion dans le collimateur

l'avion dans le collimateur pour la transition du tourisme

Le secteur aérien se félicitait en décembre dernier que le trafic ait retrouvé son niveau d’avant-COVID (1). Cependant, cette performance apparente soulève des préoccupations majeures liées à l’impact environnemental des vols internationaux, qui représentent une part significative des émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur du tourisme (se référer à notre article « Bilan des émissions de gaz à effet de serre (GES) du tourisme en France »).

 

Le Plan Destination France, lancé en novembre 2021, vise pourtant à consolider la position de la France en tant que première destination touristique mondiale. Or ce classement est basé sur le nombre de visiteurs étrangers et leurs dépenses, deux indicateurs “absurdes” décriés par le réseau Acteurs du tourisme durable, notamment du fait de l’impact carbone des touristes étrangers (2).

 

Le bilan carbone du tourisme en France, réalisé en 2021 par l’ADEME (3), met en effet en lumière une réalité préoccupante : le transport aérien contribue à hauteur de 41% des émissions de GES du secteur, soulignant l’urgence de repenser notre modèle pour respecter les accords de Paris.

Le vol en avion occupe une place centrale dans l’imaginaire du voyage.

Dans notre société de l’image, les vacances sont avant-tout synonymes de terres lointaines et de plages paradisiaques. Un rapport de Greenpeace d’octobre 2023, intitulé « En mode avion », met en lumière l’influence de la publicité et des influenceurs sur ces imaginaires du voyage, contribuant ainsi à perpétuer la prédominance de l’avion dans les choix des voyageurs (4).

 

Face à cette réalité, des alternatives émergent pour faire bouger les lignes. La promotion de nouveaux imaginaires, tels que la redécouverte du local, de la campagne, et des voyages en train, est au cœur de ces solutions. Le collectif Itinéraire bis œuvre précisément à écrire ces nouveaux imaginaires et rendre désirable des expériences liées au tourisme lent, de proximité et décarboné (5).

 

Dans un autre registre, une stratégie innovante pour les territoires consisterait à cibler ses clientèles au regard de leur capacité à rejoindre leur destination de manière décarbonée, ce qui implique parfois le renoncement à certaines clientèles éloignées.

 

Enfin, la question de l’imposition de contraintes aux usagers a récemment fait l’objet de vifs débats dans les médias. Ainsi, pour limiter le trafic aérien sans pénaliser les budgets les plus modestes, deux approches pourraient s’envisager : la taxation progressive du prix du billet d’avion par personne sur une période donnée (ex. 3 ans glissants) et l’imposition de quotas (ex. limitation du nombre de vols ou de distances parcourues)(6).
La seconde approche, la plus équitable, a été avancée au micro de France Inter en mai 2023 par l’ingénieur Jean-Marc Jancovici, membre du Haut conseil pour le climat, à travers l’idée de limiter chaque individu à un maximum de 4 vols aériens dans sa vie (7). L’idée même avait suscité de fortes réactions voire une polémique sur les différents médias. Et pourtant, selon un sondage CSA quelques mois plus tard, 41% des sondés se déclaraient favorables à cette mesure (8).

 

En conclusion, la transition du tourisme vers une approche plus durable met l’avion au centre des préoccupations de par sa contribution à l’impact carbone du secteur. Renouveler l’imaginaire du voyage devient incontournable, en parallèle de mesures plus contraignantes… mais les Français semblent plus réceptifs qu’on aurait pu le penser.

 


 

  1. En France, le trafic aérien retrouve son niveau pré-Covid, Libération, Décembre 2023 
  2. ATD INVITE À UNE RÉFLEXION SUR LA PERFORMANCE TOURISTIQUE 
  3. Bilan des émissions de gaz à effet de serre du secteur du tourisme en France, ADEME, 2021
  4. “En mode avion” L’emprise de la publicité et des influenceurs sur nos imaginaires du voyage, GreenPeace, 2023 
  5. Collectif Itinéraire bis 
  6. Les idées reçues sur l’aviation et le climat 
  7. « Il faut faire des compromis » : Jean-Marc Jancovici maintient son idée d’un quota de vols en avion 
  8. Etude HERE: Les Français et la proposition d’un quota de 4 vols par personne dans une vie 
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