Pas moins de 480 participants se sont empressés de participer à la 8ème édition de l’Université du Tourisme Durable à Montpellier les 6 et 7 octobre. Un record inédit pour cet événement organisé par les Acteurs du Tourisme Durable (ATD) et le Comité Régional du Tourisme et des Loisirs d’Occitanie.
Et si les vraies questions, pour ne pas dire les équations à plusieurs inconnues que posent les enjeux de la transition écologique et sociale dans le tourisme devenaient progressivement les sujets de préoccupation d’un plus grand nombre ?
C’est en tout cas, l’impression d’une plus grande prise en considération et d’une reconnaissance des travaux que n’a pas manqué de souligner Caroline Mignon, Présidente d’ATD, lors de son discours d’ouverture. En effet, les sollicitations auprès du réseau ATD s’accroissent à mesure que nos décideurs ont besoin d’être alimentés dans leurs réflexions pour agir, accompagner la filière, soutenir des entreprises touristiques largement éprouvées par et depuis le début de la crise sanitaire.
Olivia Grégoire, Ministre déléguée au Tourisme a même tenu à saluer et encourager l’assemblée à travers une courte vidéo d’ouverture.
Au-delà de la fréquentation et de l’émulation collective, revenons sur les grandes réflexions et évolutions survenues et à venir et que les différents intervenants n’ont pas manqué de mettre en perspective.
De l’émotion à travers le film « Ruptures »
Arthur Gosset et Hélène Cloître ont ainsi captivé voire ému l’auditoire en partageant, à travers la réalisation du film documentaire « Ruptures », la trajectoire de plusieurs jeunes diplômés prometteurs issus de grandes écoles. Ceux-ci ayant délibérément renoncé à des voies toutes tracées pour trouver plus de sens que ce que veut ou peut offrir un monde économique basé et centré sur la consommation et dont l’aberration écologique et sociale n’est tout simplement plus supportable pour un jeune adulte qui veut construire sa vie.
Des mécanismes psychologiques complexes et du courage
Si ces témoignages questionnent sur ce qui fait office de déclencheur pour prendre des décisions radicales, l’exposé du chercheur Thibaud Griessinger a démontré la complexité des mécanismes cognitifs et psychologiques qui sont à l’œuvre quand il est question de vouloir faire changer ou évoluer le comportement humain.
Une table-ronde a interrogé et débattu de la notion de courage dont il s’agit de faire preuve pour affronter les paradoxes du tourisme :*
- Vitesse et hypermobilité vs. slow tourisme et proximité
- Amplitude et fréquence des déplacements touristiques vs. décarbonation des déplacements
- Eloignement et exotisme vs. relocalisation dans le choix des destinations
- Tourisme basé sur le dépaysement vs. (re)découverte d’un environnement de proximité
- Pratiques touristiques historiques vs. nouveaux imaginaires touristiques
- Concentration financière vs. retombées économiques locales et partagées
- Attrait irrépressible pour le patrimoine naturel vs. préservation des sites naturels aussi beaux que fragiles…
De nouveaux indicateurs pour le monde de la finance et de l’économie
Les échanges ont mis en exergue l’utilisation croissante de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) par le monde de la finance. L’ESG apparaît ainsi comme un levier voire un passage obligé pour de nombreux projets en recherche de financement.
Le retour d’expérience EVI HOB a démontré comment l’innovation peut inspirer la reconversion d’hôtels anciens en hébergements multiservices et répondant à de nouveaux besoins, à condition de piloter différemment la notion de rentabilité.
Et bien sûr, la question des clientèles et de leur provenance
Le développement de l’offre touristique et de loisirs locale pour des clientèles plus proches et par conséquent moins volatiles est également ressorti comme une piste à considérer parmi d’autres dans une stratégie de résilience possible pour l’écosystème touristique des destinations.
Une table-ronde suivante a étudié l’opportunité et la faisabilité de remplacer les clientèles lointaines (dont certaines ne sont pas encore venues depuis la crise sanitaire) par les clientèles européennes et nationales.
Entre la notion de paix cultivée grâce aux échanges interculturels et la rencontre de l’autre, la fierté nationale du leadership touristique français à l’international et les considérations liées à l’empreinte carbone, ou encore des marchés touristiques internationaux strictement incontournables (ex : nord-américains pour le tourisme mémoriel en Normandie), bien avisé serait le développeur touristique qui pourrait procéder à des arbitrages marketing sans porter préjudice à toute ou partie de la chaine de valeur touristique d’une destination… Et pourtant, l’impératif de transition est bel et bien là.
Un rendez-vous inspirant, à retrouver en 2023 en Savoie
La possibilité pour le tourisme de masse d’être écoresponsable, la résilience du littoral face à l’érosion et la hausse du niveau des mers, les outils et labels pour faire reconnaître le management responsable des hébergements, les nombreux ateliers d’échanges pratiques proposés tout au long de la journée n’ont pas manqué d’inspirer l’ensemble des participants venus à Montpellier.
Ceux-ci sont apparus très satisfaits de partager des préoccupations enfin relayées par des tendances marketing croissantes qui n’ont jamais été aussi prégnantes… Il n’y a plus qu’à accélérer… Alors, prêt.e.s à rejoindre le réseau pour donner toujours plus de poids à cet impératif de tourisme en transition ?
Dans tous les cas, rendez-vous à la prochaine UTD à Aix-les-Bains les 21 et 22 septembre 2023 prochains !