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« Un tourisme qui contribue à la lutte contre les changements climatiques »
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La contribution du numérique à la préservation des lieux de pratique des sports de nature

journée technique numérique et préservation des lieux de pratique des sports de nature

Le mardi 19 octobre 2021 a eu lieu la 15ème journée technique du réseau national des sports de nature, organisée par le Pôle Ressources National des Sports de Nature (PRNSN). Le PRNSN est un opérateur du Ministère chargé des Sports en charge du développement des sports de nature. Ses missions de service public consistent à faire de la veille, gérer des projets ou encore organiser des rencontres au sein du réseau et avec les partenaires. Aujourd’hui, le Ministère chargé des Sports a à cœur le développement contrôlé des sports de nature en veillant à la maitrise des pratiques et le respect de l’environnement et de la biodiversité.

Cette journée avait particulièrement vocation à aborder le sujet de la « contribution du numérique à la préservation des lieux de pratique des sports de nature ». Comment l’évolution des pratiques connectées des sports outdoor peut-elle servir la préservation des espaces ? En apportant de la connaissance sur les pratiques et les pratiquants. En se servant des solutions numériques existantes et à venir pour compter et à termes mieux gérer les flux.

 

Plusieurs acteurs se sont réunis pour échanger autour de ces pratiques numériques. Un programme riche en interventions autour :

  •  d’un diagnostic des enjeux révélant les tendances actuelles des pratiques outdoor sportives et récréatives (Bruno Dietsch, INJEP) et la situation dans les espaces naturels protégés (Laurence Chabanais, Office Français de la Biodiversité) ;
  •  d’une table ronde autour des objectifs et des acteurs du comptage des flux (Jean-Michel Contet, Orange Business Services ; Maïwen Gloaguen, Éco Compteur ; Stéphanie Mangin, Vélo & territoires ; Christèle Gautier, Ministère chargé des Sports) ;
  • des expérimentations d’outils tels que Outdoor Vision (Christophe Martinez, Benoît Peyvel) et le comptage des itinérances sur le Massif Central à travers le cas de la Grande Traversée du Massif Central (Laura Léotoing, IPAMAC ; Jérôme Krier, FFC).

 
 
Voici ce qu’on a pu retenir des différentes interventions :

1. Les pratiques outdoor sportives et récréatives : quelles tendances ?

Bruno Dietsch – chargé d’étude à l’INJEP (intervention à 33:00)

Parcs Naturels Régionaux Destination Parc - Massif des Bauges

Les constats dressés sont issus du baromètre national des pratiques sportives 2020, sur des périodes concentrant à la fois le premier confinement et les phases de déconfinement. Le sondage a été effectué auprès de 4000 répondants ayant pratiqué au moins une activité sportive (sans utilisation d’infrastructures) ces 12 derniers mois. 100 activités de pleine nature sont regroupées en 16 univers : course et marche, sports urbains, sports d’hiver, sports enchainés ou combinés, sports de cycles ou motorisés, sports aériens, sports aquatiques et nautiques, activités verticales et équitation.

Les résultats indiquent que le confinement n’a produit aucune nouvelle pratique en 2020, les pourcentages de pratique sportive étant quasi-identiques à ceux de la version précédente du baromètre en 2018. 48% pratiquent leur activité en plein air, 12% en milieu urbain. Les activités les plus plébiscitées sont dans l’ordre la randonnée pédestre, le footing, puis le vélo sur route et le VTT, puis la marche athlétique et nordique, et enfin le ski alpin et l’équitation. Visiblement, le confinement n’aurait pas non plus donné envie aux Français de se remettre au sport puisque seulement 12% en ont la volonté en 2020, contre 20% en 2018. Le rapport complet est à retrouver ici.
 

2. La situation dans les espaces naturels protégés

Laurence Chabanis – chargée de mission tourisme à l’OFB (intervention à 48:19)

Ici, les constats – issus d’un rapport de stage au sujet de la fréquentation des aires protégées de PACA sur la base d’entretiens qualitatifs auprès d’acteurs du tourisme – sont bien différents.

La saison estivale 2020 est jugée comme inédite et non anticipée.

On parle de nouveaux publics urbains et primo-fréquentants de ces espaces naturels (mer, montagne) ne connaissant pas les codes, peu sensibilisés à la biodiversité, ne respectant pas les règles locales et peu consommateurs sur place. On déplore des conflits d’usage, des déchets, des feux sauvages, du bruit ou encore de nombreux accidents. Un nouveau public qui pourrait être vu comme une « chance », mais que l’on connait relativement peu.

Forte de cette expérience de 2020, l’OFB a mis en place de nouvelles mesures à l’été 2021 sur ces espaces protégés :

  • Des aménagements visant à renforcer les équipements d’accueil sur site quand il y a déficit ;
  • Des services comme actions complémentaires aux aménagements (alternative à la voiture, mobilisation humaine sur le terrain…) ;
  • De la communication pour sensibiliser les nouveaux publics (campagnes de communication, nouvelles technologies d’information en temps réel) ;
  • De l’acquisition de connaissance en réinvestissant des moyens dans le suivi de la fréquentation (expérimentation d’outils de mesure de la fréquentation, relance d’études sur la fréquentation, une démarche de capacité de charge) ;
  • De la réglementation en complétant celle actuellement en place ;
  • De la gouvernance en partageant au sein des parties prenantes les enjeux et les solutions (schémas d’accueil, plans, implication des partenaires régionaux…) dans la durée.

D’ici décembre, l’Office Français de la Biodiversité rendra disponible son bilan de l’été 2021.

 

3. Les objectifs et les acteurs du comptage des flux

La Banque des Territoires définit le comptage de flux comme « des techniques visant à compter les déplacements des divers flux de mobilité (piétons, cyclistes, automobilistes…) circulant dans un périmètre ou à une adresse donnée » et propose une vidéo explicative (à 1:03:19).
 

Christèle Gautier – cheffe de bureau de l’élaboration des politiques publiques du sport au Ministère chargé des Sports (intervention à 1:06:00)

La politique du Ministère s’attache à de l’action concrète sur le terrain pour des apports à l’usager et au professionnel. L’intervenante interroge la définition des sports de nature : parle-t-on d’outdoor ? d’outdoor urbain ? Il existe aujourd’hui un besoin de passer plus de temps en extérieur chez les populations, qui s’est renforcé au « sortir » de la crise. De nouveaux pratiquants ont pris conscience du besoin de bouger. Cela renvoie alors à des problématiques d’éducation au développement durable, et l’ensemble du Ministère porté par Jean-Michel Blanquer est engagé à répondre à ces problématiques.

Pour aider les décideurs à faire les bons choix en matière de développement des sports de nature, le numérique semble être un élément incontournable aujourd’hui.

Jean-Michel Contet – chef de projet chez Fluxvision Tourism, Orange Business Services (intervention à 1:14:57)

Flux Vision est un outil qui permet d’analyser les flux de population à partir des données mobiles collectées par Orange, en toute légalité puisque le dispositif respecte le procédé d’anonymisation des données exigé par la CNIL dans le cadre de la RGPD.
Comment cela fonctionne ? En randonnée, toutes les heures, le téléphone envoie des « événements » aux antennes qui couvrent la zone de déplacement (toutes les 4-5 minutes en voiture, toutes les 1-2 minutes en train). Cet outil permet alors de mesurer la fréquentation, la mobilité et les profils sociodémographiques des lieux fréquentés.

Trois grands axes sont déployés :

  • les transports : pour anticiper les pics de trafic, adapter les offres de transport et de nouvelles dessertes, dimensionner les équipes d’agents et optimiser les infrastructures ;
  • le retail : pour identifier des zones de chalandise et les meilleurs emplacements selon les profils de visiteurs ;
  • le tourisme : pour identifier les lieux propices aux opérations, évaluer l’attractivité d’un événement, mesurer l’impact des actions de communication, et adapter les ressources des infrastructures.

L’outil présente cependant deux limites :

  • légales : les informations ne peuvent pas être stockées (même s’il est possible de stocker les résultats d’une étude) ;
  • la précision : celle-ci dépend de la densité d’antennes sur un lieu. On retrouve peu d’antennes dans les espaces naturels protégés (par exemple, les Calanques sont couvertes sur 4 à 5 zones alors que le Mercantour l’est sur seulement 2 à 3 zones).

 

Maiwen Gloaguen – consultante chez Eco-Compteur (intervention à 1:23:15)

Eco-Compteur accompagne les collectivités territoriales dans le comptage des piétons et des cyclistes. Parmi ses projets emblématiques, le Sentier des Douaniers suite à son élection comme plus beau village de France, la portion du Goûter dans l’ascension du Mont Blanc pour réduire les risques d’accident en haute montagne, en Islande pour évaluer les risques et protéger les touristes en cas d’éruption de volcans… Entre 18 000 et 20 000 éco-compteurs sont déployés dans le monde, dont 1/8 dans les espaces naturels français.

Mais quelle est la valeur de cette donnée ? Tout simplement, elle est la garante de la vérité terrain. L’installation physique de compteurs sur les sites rend compte précisément des usages (à pied, à vélo, à cheval…). Une grande demande de compteurs par les stations de sports d’hiver est constatée depuis ces deux dernières années, notamment pour comptabiliser le nombre d’usagers autrement que par l’achat d’un forfait de remontées mécaniques (alors fermées) et pour savoir ce que font les clientèles en dehors du ski.

Pour une meilleure pertinence, les données sont également mutualisées avec des partenaires comme Vélo & territoires ou la Grande Traversée du Massif Central. L’outil présente cependant des limites concernant la bonne gestion et exploitation des compteurs sur le terrain par les acteurs locaux.
 

Stéphanie Mangin – cheffe de projet observation du vélo chez Vélo & Territoires (intervention à 1:33:10)

tourisme velo littoral mobilité douce

Vélo & Territoires est le coordinateur du réseau national cyclable et compte 118 contributeurs (EPCI, départements, régions). Les 1200 compteurs qui ont été successivement installés offre 9 ans de données sur les usages du vélo dans les collectivités concernées. On peut donc dire que l’outil devient un véritable observatoire des pratiques cyclables. L’organisation édite notamment des rapports annuels ainsi que des bulletins mensuels relatant les indicateurs relevés. Ces derniers ont permis de légitimer la place du vélo parmi les différentes pratiques au niveau national et contribué à la mise en place d’initiatives fortes telles que le plan vélo de l’Etat. Ces données servent aussi à convaincre les élus au niveau local pour continuer d’aménager, maintenir et améliorer les infrastructures.

A titre d’exemple, les compteurs implantés autour du lac d’Annecy ont permis de cibler les pratiques vélo en fonction du temps et redimensionner les équipements pour limiter les conflits d’usage.

 

4. Identifier les flux de pratiquants outdoor : les expérimentations

Benoit Peyvel et Christophe Martinez – chargés de mission, pôle ressources national sports de nature (intervention à 2:03:42)

Pour répondre à tous ces enjeux, le Pôle de Ressources National des Sports de Nature a développé l’outil Outdoor Vision. Cette opération à but non lucratif est quasiment intégralement financée par le Ministère chargé des Sports. Le principe est simple : tous les pratiquants de sports en pleine nature sont invités à partager leurs traces GPS sur cette plateforme. Les traces enregistrées permettront alors de mieux définir les usages des pratiquants et adapter les aménagements des lieux. Cet outil répond donc à différentes politiques publiques : le suivi et la gestion des fréquentations, l’aménagement des sites, l’accueil du public, la structuration de l’offre touristique, la préservation de la biodiversité etc. Quatre activités sont ciblées : marcher, courir, pédaler, skier.

Cet outil se veut être une complémentarité entre Flux Vision qui donne une vision plus globale et Eco-Compteur qui se concentre sur un point donné.

Pour se différencier également d’outils déjà existants tels que StravaMetro ou Géovélo, l’idée est de se positionner sur les espaces ruraux. Outdoor vision a également la capacité de sortir des flux routiers pour tracer des traces de ski par exemple. Pour faire remonter les traces GPS, l’outil est connecté avec Visorando, Garmin, IGN Rando, Visugpx et Suunto. La discussion est en cours avec Polar, Open Runner, Camp to Camp et Ski Tour.

Aujourd’hui, le projet en phase expérimentale est testé sur 11 territoires d’Auvergne Rhône-Alpes. Il semble plutôt au rendez-vous sur les résultats concernant la randonnée pédestre mais plus timide sur le vélo, le ski et la course à pied. Le challenge est double : augmenter et qualifier la donnée collectée. Les phases à venir consistent à rendre Outdoor Vision performant (2022-2024) puis pérenne (2025-2028).

 

Laura Léotoing – déléguée générale IPAMAC, réseau des Parcs Naturels du Massif Central (intervention à 2:30:08)

Depuis plusieurs années, l’IPAMAC fait preuve d’expérimentations avec notamment la création de son laboratoire des itinérances. Parmi ses initiatives : la coordination de la relance de la Grande Traversée du Massif Central à VTT (depuis 2014), une étude itinérance prospective menée en 2016 ou encore diverses expérimentations dans les parcs telles que des aires d’éco-bivouac, de l’itinérance multi-activités, de l’itinérance trail, des résidences d’artistes…

Il n’existait pas d’outil numérique ni de méthodologie commune et partagée pour compter les itinérants au sein des Parcs Naturels du Massif Central, et une étude de fréquentation via un bureau d’étude relevait des coûts trop importants. L’IPAMAC a alors profité du cadre du laboratoire des itinérances pour lancer en 2019 une démarche visant à identifier de nouvelles solutions de comptage de la fréquentation des itinérances (pédestre, VTT…) pour répondre à cette problématique partagée.

Trois itinéraires ont été testés : le chemin de Stevenson, le chemin de Saint Guilhem et la Grande Traversée du Massif Central. Parmi les premières conclusions : il ne semble pas y avoir une solution unique pour compter les itinérants et il semble nécessaire de croiser plusieurs indicateurs tout en les évaluant de manière constante. En complément, des enquêtes terrains régulières semblent indispensables. Les résultats complets de l’étude sont à retrouver ici. L’objectif final est de diffuser une boite à outils permettant de comptabiliser les flux sur des sentiers itinérants.

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