En 2021, mandatée par le Conseil Savoie Mont Blanc, l’Agence Savoie Mont Blanc initie Demain Savoie Mont Blanc. Une démarche collaborative qui s’est appuyée sur une trentaine d’ateliers territoriaux et pas moins de 300 acteurs interrogés, pour imaginer le modèle touristique de demain et les axes de travail à engager.
La restitution avait pris la forme d’un livre blanc publié en 2022, qui présentait notamment les trois axes de réflexion : Territoire pionnier de la transition, Destination d’avenir, Territoire à vivre et à partager.
Depuis, l’Agence a intégré certaines propositions dans ses missions et les acteurs du territoire ont initié des actions innovantes ou renforcé leurs démarches pour relever les défis du secteur touristique.
Un an après la publication de ce livre blanc, l’Agence publie le tome 2 de Demain Savoie Mont Blanc. On y retrouve une mise à jour des données chiffrées, mais surtout, surtout, un concentré d’engagements et d’initiatives concrètes menées par les acteurs de Savoie et de Haute-Savoie.
En deux ans, qu’est-ce qui a changé ?
Depuis les premiers ateliers menés en 2021, les observations scientifiques montrent que le changement climatique s’est accéléré. Parmi les données exposées, soulignons le pic de température de 10,4°C au sommet du mont Blanc, versus un record à 6,8°C en 2019. Côté tendances touristiques, nous sommes revenus aux observations « pré-covid » : un retour des clientèles étrangères sur le territoire, une envie de nature et de tourisme responsable, des comportements impactés par de dures réalités financières.
Jetez un œil aux premières pages qui en quelques graphiques et infographies dressent un portrait du changement climatique en montagne et de son impact. Puis complétez votre lecture avec le témoignage de Jean-Baptiste Bosson, chargé de mission scientifique au Conservatoire des Espaces Naturels de Haute-Savoie (Asters), membre du Conseil national de la protection de la nature, qui nous informe de l’impact du changement climatique sur les glaciers (pages 8 et 9).
Les glaciers alpins perdent en moyenne 2% de leur masse par an. Ils ont perdu 6% en 2022, en raison de l’hiver peu enneigé et d’un printemps et d’un été caniculaire.
Impact des microplastiques, état de la biodiversité, conjoncture économique ou tendances sociétales. Cette première partie donne la parole à des expert.es, scientifiques, universitaires, pour un état des lieux actualisé.
Un territoire pionnier de la transition
Après un point sur les problématiques d’enneigement et les perspectives pour les 110 stations aux réalités bien différentes, le livre blanc donne la parole aux acteurs du territoire et souligne leurs engagements.
La Compagnie des Alpes annonce par exemple ses cinq engagements en faveur de la transition, cinq autres engagements complémentaires pour accompagner la transformation sociale et sociétale et cinq renoncements : aucune extension nette de ses domaines skiables à l’exception d’adaptations ponctuelles et limitées, pas d’acharnement lorsque l’évolution climatique rend non skiable une partie de ses domaines, pas de production de neige à température positive, plus de recours aux énergies fossiles pour les dameuses, les bus, les bâtiments et les logements que la Compagnie des Alpes opère et pas de projets n’impliquant pas une part majoritaire significative de neige naturelle.
Tour d’horizon également des destinations engagées dans différentes démarches : avec le label Flocon Vert comme Saint-François Longchamps, Megève ou Les Arcs ou en intégrant les Objectifs de Développement Durable de l’ONU comme la ville d’Evian, ville à missions qui met les 17 ODD au cœur de sa stratégie.
La mobilité décarbonée parmi d’autres enjeux
Arrêtons-nous sur la mobilité décarbonée, puisque le transport pèse à 52% dans les émissions de gaz à effet de serre d’une journée de ski (cf. en page 20 un extrait de l’étude réalisée par UTOPIES dans le cadre de la rédaction du guide sectoriel pour l’évaluation des bilans GES pour la filière sport, montagne et tourisme).
Parmi les acteurs, on trouve l’association Protect Our Winter (POW) agit d’une part auprès des citoyens à travers des campagnes de sensibilisation afin d’offrir d’autres représentations de la mobilité décarbonée, en faisant notamment intervenir des athlètes. L’association effectue également un travail d’accompagnement et de plaidoyer auprès des acteurs de la mobilité et de la montagne.
On y retrouve des exemples concrets comme la plateforme Go Savoie Mont Blanc développée par l’entreprise Antidots en partenariat avec l’Agence Savoie Mont Blanc. Cet outil en ligne permet de comparer et de réserver ses transports bas carbone vers les stations de ski.
Picorez dans les pages suivantes d’autres initiatives : ascenseur valléen, piétonnisation, bornes de recharge électrique, covoiturage, navette électrique…
S’en suivent d’autres enjeux tout aussi documentés et illustrés d’exemples inspirants : la gestion des flux (mesurer et lisser), les hébergements éco-responsables, les circuits courts, l’économie circulaire, les engagements de la filière outdoor, la préservation des ressources et la montagne pour tous.
Destination d’avenir : évolution de l’offre mais pas que !
Le Tome 2 Demain Savoie Mont Blanc actualise pour ce second chapitre quelques chiffres clés relatifs à la fréquentation hivernale. L’hiver représente en Pays de Savoie, 62% des nuitées annuelles, 33% concentrés sur les vacances d’hiver uniquement. Pendant le séjour hivernal, le visiteur pratique en moyenne 4h de glisse par jour. Le domaine skiable est d’ailleurs le premier critère de choix de la destination montagne en hiver (32%), devant les paysages (29%) et la facette station familiale (23%).
Et la satisfaction client ? Elle atteint 8.3/10 pour l’appréciation globale du séjour. Un score stable par rapport à l’année 2019. L’Office de tourisme des Ménuires et la Compagnie des Alpes témoignent de l’importance de la Très Grande Satisfaction client. Ces deux structures en ont fait un outil de pilotage stratégique, qui donne lieu à des actions concrètes : refonte de signalétique, mise en place d’animation, formation des équipes…
Les jeunes et les juniors : des clientèles d’avenir
Page 71, retrouvez un focus rafraichissant sur les jeunes en Savoie Mont Blanc. Pour mieux connaître les jeunes, quoi de mieux que de les écouter. L’Agence Savoie Mont Blanc a mis en place La Squad, un collectif de jeunes âgés de 18 à 28 ans qui parlent de leurs pratiques et évoquent leur avenir en Savoie Mont Blanc. Et alors, qu’est-ce qui leur plait le plus ? La nature (36%), l’exploration (35%), chiller (34%) ou encore contempler et faire la fête (31%). Ah, et puis ils la jouent covoiturage, communication Whatsapp, n’aiment pas avoir l’air de touristes… Un point de vue différent qui vaut la peine d’être lu.
Le livre blanc s’arrête aussi sur les juniors, avec un focus sur les groupes d’enfants de 3 à 15 ans. Un public d’avenir, quand on sait qu’un Français sur 10 a appris à skier en classe de neige (étude Contours ASMB 2023) ! Le séjour collectif participe activement aux apprentissages, au savoir-faire et au savoir-être, comme le précise Violaine Villette, présidente de Savoie Mont Blanc Junior. La structure accompagne d’une part les organisateurs dans la mise en place des séjours et propose d’autre part un soutien à ses adhérents (hébergements, guides, clubs, sites d’accueil…) pour l’adaptation de leurs offres. Ces séjours sont de formidables moyens de sensibiliser les jeunes aux enjeux de la montagne (impact du changement climatique, importance de la biodiversité…).
1 Français sur 10 a appris à skier en classe de neige
Multisaisons, nouvelles offres et nouvelles formes de tourisme
Qui dit avenir de la montagne, pose la question de la mutlisaisonnalité. L’attractivité de Savoie Mont Blanc dépasse bien sûr l’hiver. Plusieurs leviers et filières sont à même de renforcer l’attractivité du territoire à d’autres saisons : la filière thermale et bien-être pour laquelle Savoie Mont Blanc se place en 3ème position au niveau national, l’itinérance douce qui constitue un excellent moyen de découvrir un territoire et sa culture ou encore l’événementiel avec l’accueil de grands événements nationaux par exemple.
Un avenir qui s’appuie aussi sur la culture et les savoir-faire, puis que l’on apprend en page 82, que 73% des Français ont envie de venir en Savoie Mont Blanc pour sa dimension culture et patrimoine. L’offre culturelle doit aujourd’hui répondre aux attentes des visiteurs qui sont en quête de sens et d’expériences personnalisées. Une nécessité de réinventer l’offre avec des expériences immersives, enchantées ou décalées selon Pierre-Yves Odin, directeur adjoint de la Fondation FACIM, qui donne des exemples concrets : mobilisation des 5 sens pour découvrir le baroque à Aussois, randonnée à VTT électrique pour embrasser le patrimoine du Pays du Mont Blanc, visite aux flambeaux pour apprécier les villages de montagne dans une ambiance inoubliable.
73% des Français ont envie de venir en Savoie Mont Blanc pour sa dimension culture et patrimoine
Notons aussi dans les nouvelles formes de tourisme, celle du tourisme de savoir-faire qui permet d’entrer dans les coulisses des entreprises du territoire (ex. l’eau minérale à Amphion-les-Bains, la fonderie Paccard à Sevrier, le fameux Opinel à Saint-Jean-de-Maurienne), ou encore le tourisme scientifique et participatif dont les exemples ne manquent pas en page 88 (ex. présence d’écovolontaires sur les 9 réserves naturelles de Haute Savoie, événements en faveur de causes environnementales, observatoire collaboratif de la biodiversité et du changement climatique pour le CREA Mont Blanc).
Last but not least : territoire partagé
Le dernier chapitre est tout à fait d’actualité, puisqu’il y est question d’acceptabilité du tourisme et de confrontation des perceptions. L’étude « Impact du tourisme sur la vie des résidents », menée par Travelsat / TCI Research pour AURAT, nous apprend qu’en Savoie Mont Blanc, 8 habitants sur 10 sont fiers de voir venir des touristes de loin sur le territoire, mais que 5 sur 10 estiment que la politique touristique ne prend pas suffisamment en compte l’impact sur la vie des habitants. Plusieurs territoires ont d’ailleurs mis en place des démarches concertées pour envisager l’avenir du tourisme : le renouvellement des schémas de développement touristique, durable pour Grand Annecy et engagé vers le tourisme de bien-vivre pour Grand Chambéry, des ateliers ouverts sur les territoires pour l’Assemblée Pays de Tarentaise Vanoise et le Parc national de la Vanoise par exemple.
Un partage qui prend parfois une forme concrète, comme à Megève où se structure toute une filière autour de la gastronomie née avec Toquicimes, le Festival de la Cuisine de Montagne, portée par un centre de formation aux métiers de bouche et récemment renforcée par le projet de centre de formation saisonnier pour les métiers de l’hôtellerie et de la restauration. Autre forme concrète : la Bulle, le tiers-lieu culturel qui a ouvert à Annemasse en 2021.
Enfin, le partage s’illustre aussi dans les 4 Collectifs de travail portés par l’Agence Savoie Mont Blanc, mobilisant les acteurs de Savoie et de Haute-Savoie. Le Collectif Montagne, né fin 2022, a choisi de travailler en 2023 sur la transition positive et la RSE. Le Collectif Lacs, rassemblant les 4 grands lacs et les 8 destinations bord de lac, existe depuis 2014 et se renouvellera en 2024. Le Collectif balade et randonnée pédestre en Savoie Mont Blanc, travaille de façon concertée depuis 2021 à la structuration et la promotion de l’offre. La concertation dépasse même le périmètre de l’Agence Savoie Mont Blanc pour le groupe de travail interdépartemental autour de l’itinéraire cyclable La Belle Via (v62). Une gouvernance partagée et agile nécessaire, notamment quand il s’agit d’itinérance.
Cet article est loin d’être exhaustif. Pour retrouver toutes les initiatives et les nombreux témoignages c’est ici.