« Le tourisme de demain : résilient, bienveillant et bas carbone »
« Une participation à la restauration de la biodiversité »
« Un tourisme qui contribue à la lutte contre les changements climatiques »
« Un outil pour faire évoluer durablement les mentalités »

Changement climatique et tourisme font-ils bon ménage ? Dernier guide de l’Ademe

Suite à la récente parution du guide de l’Ademe intitulé « Opérateurs et territoires touristiques. S’adapter pour faire face au changement climatique », nous vous proposons une brève analyse des impacts du changement climatique en cours et à prévoir pour notre secteur du tourisme.

 

Changements climatiques : impacts sur le confort touristique

Changement climatique et tourisme guide ademe

Le tourisme fait partie des secteurs d’activité les plus dépendants au changement climatique. C’est ce que nous rappelle l’Institut de l’économie pour le climat juste ici : “Le changement climatique peut avoir des conséquences importantes sur la pérennité d’activités économiques structurantes pour les territoires, si ces secteurs économiques et ces territoires n’anticipent pas suffisamment leurs besoins d’adaptation. C’est notamment le cas des secteurs agricoles, de la forêt, de l’immobilier ou encore du tourisme qui présentent une forte dépendance au climat.” Bon, rien de nouveau sous le soleil après tout. En tant qu’acteur.rice.s du tourisme, nous sommes de plus en plus sensibilisé.e.s à ces enjeux et évolutions … que nous constatons déjà sur nos lieux de vie et de travail ! Alors, en quoi cette piqure de rappel est essentielle ?

Eh bien, d’après l’Ademe nous ne sommes pas encore tout à fait prêt.e.s à faire face aux conséquences. L’agence de la transition écologique considère que nous manquons d’outils pour adapter nos modèles d’activités. Son remède : un nouveau guide d’accompagnement 100% sectoriel intitulé « Opérateurs et territoires touristiques. S’adapter pour faire face au changement climatique » (la première publication nationale consacrée à un seul domaine d’activité). Et en prime, une méthode d’auto-diagnostic à venir (stay tuned, on compte bien vous partager tout ça). De quoi en profiter pour dresser un petit point de situation.

 

 

Concrètement, qu’est-ce que l’on risque ?

Canicules, pluies intenses, retrait du trait de côte pour les littoraux ou encore bouleversement des niveaux d’enneigement pour les montagnards … On ne va pas vous refaire la liste à la Prévert, mais simplement vous partager une analyse de nos consœurs et confrères d’ACTeon qui retiennent 3 défis principaux à résoudre pour maintenir la qualité de l’expérience touristique. Et pour des néophytes de l’adaptation climatique, c’est un bon début !

schéma défis tourisme et changement climatique ACTeon

 

Le vaste sujet thermique

Le soleil, la chaleur font partie de notre imaginaire des vacances. A tel point que leur absence peut suffire à les qualifier comme ratées. Mais attention, il n’en faut pas trop non plus ! Notre corps a ses limites et ces phénomènes de canicules qui feront davantage partie de notre quotidien demain s’avèrent bien dangereux. On pense aux centaines de pèlerins décédés à La Mecque en juin dernier et même, plus près de chez nous, aux effets de la multiplication des nuits tropicales – qui empêchent la bonne récupération physiologique – sur les personnes fatigables. Mais alors, à combien fixe-t-on cette limite … Partons sur une première base de réflexion sous 32°C. Et mettons-nous dans la peau d’une destination touristique. Quelles activités récréatives proposer à nos visiteurs sous ce cagnard ?

Confort thermique changement climatique tourismeLa tendance est aux sports de pleine nature, allons-y ! Hum, mauvaise idée. C’est justement à partir de cette température que toute pratique sportive est déconseillée. Et on ne voudrait pas risquer un malaise. Alors guides et moniteur.rice.s de VTT, d’escalade et tutti quanti sont hors-jeu … bon courage pour la saison. Ok, que peut-on offrir d’autre à nos touristes ? Misons sur la culture avec une petite balade urbaine à la découverte du patrimoine, tiens ! Alors, oui et non. Les villes – grandes comme petites – se révèlent être de véritables îlots de chaleur. Densité du bâti, faible circulation de l’air, imperméabilisation des sols, forte circulation automobile … ça n’aide pas à nous rafraichir tout ça. Par contre, nos sites de visite historiques deviennent particulièrement intéressants. Châteaux, églises et tout autre monument offrant une bonne épaisseur de pierre, ils sont peut-être là nos futurs « hot spot » climatiques. Une vraie carte à jouer qui implique tout de même deux ou trois questionnements. Quelle politique d’accessibilité pour les équipements privés ? Quels aménagements pour recevoir ces nouveaux publics ? …

Et sinon on a une autre solution un peu plus radicale : le modèle de l’heure espagnole. A la Grande Motte, ce n’est pas les activités qui sont interrogées, mais l’organisation de nos pratiques et plus particulièrement nos rythmes de vie. La station balnéaire phare des années 80 a ainsi lancé une expérimentation pour coordonner les prestataires autour du modèle suivant : fermeture de 13 à 17 heures et ouverture nocturne. De quoi être dépaysé.e.s par le réchauffement climatique !

 

La réaction face aux risques extrêmes

risque naturel incendie changement climatique tourismeEh oui, l’augmentation en fréquence et en intensité des phénomènes extrêmes est aussi au programme. On a évoqué les canicules, ajoutons les tempêtes, inondations, mouvements de terrain… Pas de doute sur leur caractère destructeur, en revanche, on peut s’interroger sur leurs impacts spécifiques au tourisme.

Le premier sujet qui apparait est celui de la vulnérabilité des visiteurs. Un touriste sort par définition de son environnement quotidien et recherche l’altérité de par son lieu de vacances. Vous voyez le danger venir ? Le visiteur ne connait pas les risques propres à sa destination, encore moins les mesures relatives aux procédures d’alerte ou bien même les abris et lieux sécurisés où se rendre en cas d’incidents. Si on ajoute à cela la barrière de la langue pour les clientèles internationales, il y a de quoi s’inquiéter. Alors, quelle solution pour prévenir ces tragiques accidents ? Une des clés se trouve peut-être dans les mains de nos communicants, aux manettes de campagnes de sensibilisation multilingues diffusées à nos touristes en amont et sur place.

Une autre de nos préoccupations porte sur le maintien de l’accessibilité de nos destinations. La voiture reste le transport privilégié pour les mobilités touristiques. Quid donc des routes ? Leurs systèmes d’évacuation vont être mis à rude épreuve avec ces intempéries. Les scénarios les plus optimistes prévoient tous une priorisation des accès routiers – et donc une fermeture de certains axes – pour optimiser les frais d’adaptation. Et les mobilités douces ? Leur avenir n’est pas garanti non plus. Le transport ferroviaire pourrait être fortement ralenti voir parfois s’interrompre. Nos supers sentiers multi-pratiques, et nos belles voies vertes risquent de ne pas être épargnés non plus. Puis, qu’on se le dise, il faut être vraiment motivé.e.s pour chevaucher son vélo ou se lancer dans une randonnée sous des trombes d’eau face à un vent violent.

 

L’altération des paysages et des ressources

Dernier défi du triptyque : l’avenir du capital naturel. Pas de tergiversions sur celui-là, c’est plutôt clair, on touche directement à la matière première du tourisme : nos beaux paysages !

Avec ces phénomènes climatiques extrêmes que nous venons de décrire, l’attractivité de nos grands sites – et donc celle de la première destination touristique mondiale qu’est la France – en prend un coup. Côté Bretagne, on pense aux incendies dévastateurs de 2022 qui ont touché les Monts d’Arées et détruit bon nombre d’hectares de landes et de forêts. Des solutions ? Le Parc Naturel Régional des Alpilles nous fournit un bon exemple d’action de prévention des feux. Eux ont fait le pari d’un voyage dans le passé en revenant à la culture traditionnelle de la garrigue. Le résultat : renforcement des milieux ouverts, utile en cas d’étincelle.

Et sans ressource pour alimenter nos atouts naturels, pas de touristes non plus. Difficile de faire des sports d’hiver sans neige, de l’œnotourisme dans des régions où l’on ne sera plus en capacité de produire du vin, du tourisme ornithologique avec une biodiversité banalisée – certains parlent de la 6e extinction massive des espèces – … bref, vous avez saisi le message. Il reste à inventer de nouvelles formes de tourisme ou à revoir nos spécialités ! Un sujet qui devient sensible lorsque l’on touche à la disponibilité et à la qualité des ressources vitales. Le stress hydrique, par exemple, questionne l’acceptabilité du tourisme thermal, filière importante sur de nombreux territoire, ou encore celle des piscines, un des arguments de vente de prédilection des meublés de tourisme. En Pyrénées Orientales par exemple, ce risque est déjà une réalité. Le Département a inscrit dans ses documents d’urbanisme l’interdiction de construire toute piscine neuve et restreint fortement le remplissage des équipements individuels existants au profit des bassins à usage collectif. On serait curieux.ses de connaître le Resident Sentiment Index quand leurs réserves d’eau sont à sec !

 

Quelles répercussions sur la chaine de valeur touristique ?

Pas évident de prévoir les changements, mais une chose est sûre il va y en avoir !

Du côté de la demande, la hiérarchie des destinations touristiques va certainement évoluer. Vous avez déjà dû voir les cartes qui redessinent l’attractivité des régions françaises sous réchauffement climatique. Des enjeux de taille pour les territoires qui ont fait le pari du tourisme lors de la définition de leur modèle économique et qui se retrouveront dans le rouge du fait de l’augmentation des températures et des phénomènes climatiques. Certains territoires, comme Métabief, sont déjà en mouvement pour revoir leur modèle. Le tout sera surement accompagné d’une saisonnalité inédite : nouvelle répartition des vacances scolaires si les instances gouvernementales mettent leur grain de sel ? ou bien peut-être retour au 19e siècle avec des vacances à la mer en hiver et à la montagne en été ?

Carte attractivité de la destination tourisme et changement climatique

 

Du côté de l’offre, on verra sûrement exploser les formations autour de la flexibilité, de la diversification et de la résilience. Des prérequis indispensables pour convertir ces risques climatiques en opportunité. Parce qu’il sera bien pratique d’avoir une petite flotte de vélos à disposition quand les volumes d’eau seront insuffisants ou que les cyanobactéries feront leur apparition empêchant la pratique des sports nautiques. A moins que … vous ayez une âme d’inventeur.rice ? Dans ce cas-là, on attend vos plans pour les embarcations de demain à faible tirant d’eau. Et si vous êtes plutôt communicant.es ? Il y a aussi du travail pour les marketeur.rice.s. qui devront vendre une destination sans être sûr qu’elle soit accessible ? C’est certain, nos métiers ont de l’avenir.

 


Nos sources (et des idées lectures pour approfondir le sujet si vous en avez le courage) :
Tourisme durable. 20 mesures pour une transition de la 1ère destination touristique mondiale (2020, Ademe).
Tourisme & changement climatique. Un enjeu local et mondial (2020, ATD).

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