Dans un contexte de forte inflation, de pouvoir d’achat contraint, de maintien d’un taux élevé de français qui ne partent pas en vacances, mais aussi de prise de conscience croissante des enjeux liés au réchauffement climatique, quels sont les grandes tendances et enseignements de cet été 2023 en France et pour la suite ?
Depuis la crise du Covid-19, le temps libre a incontestablement gagné du terrain dans l’esprit des Français. Cela implique de pouvoir en profiter et donc souvent de pouvoir partir afin de vivre une expérience de partage, une joie collective qui rapprochera des individus d’une société divisée par les inégalités.
Cet été, de nombreux professionnels du tourisme ont observé une baisse sensible de la fréquentation et de la consommation. L’inflation seule n’explique pas ce phénomène. Il semble que deux ans après le COVID, les Français retrouvent progressivement leurs habitudes en matière de vacances. Des vacances donc, mais pour qui et à quel coût ?
Les vacances : un privilège royal
Selon les sondages, entre 35 et 40 % des Français ne seront pas partis en vacances en 2023. Une tendance en hausse par rapport à l’année passée. C’est ce qu’il ressort de plusieurs récentes enquêtes d’opinion, relayées le mardi 4 juillet 2023 par Le Monde. Des chiffres en augmentation de 14 points selon l’Ifop.
Parmi ceux qui ne partiront pas en vacances, 58% n’en n’ont tout simplement pas les moyens et 23% en ressentent de la gêne vis-à-vis de leurs amis et collègues. Ainsi, 37 % des gens qui touchent moins de 1 285 € partent en vacances, contre 72% de ceux qui gagnent plus de 2 755 €. Mais en dépit de ces inégalités, les 2/3 des Français ne sont donc pas découragés par l’inflation et le coût du carburant.
Baisse du pouvoir d’achat et stratégies d’adaptation
La baisse du pouvoir d’achat oblige une majorité de consommateurs à opérer des arbitrages. Le sondage « Les Français et les vacances éco-responsables », d’Opinionway pour Sofinscope de mai 2023 révélait ainsi que les Français sont :
- 71% à devoir faire un effort financier pour partir en vacances.
- 47% économisent toute l’année pour financer leurs congés d’été.
- 28% réduisent leur budget transports.
- 25% des personnes interrogées réduisent leur budget alimentation pour financer leurs vacances.
La baisse de fréquentation enregistrée auprès de nombreuses destinations en juillet dresse un constat sans appel : moins de monde, moins de consommateurs. Les clients et donc les commerçants doivent opérer des choix. Concessions et priorisation des dépenses touristiques pour les uns, adaptations des offres et des produits pour les autres… Et si cette tendance à la contrainte budgétaire préfigurait d’une évolution à plus long terme des comportements touristiques ?
Certaines stratégies d’adaptation et évolutions de comportements s’observent d’ores et déjà : il s’agit de partir moins loin, moins longtemps, moins cher. Proximité, durée de séjour et économies sur les dépenses liées aux modes de transports et aux loisirs sont donc les maîtres mots du touriste de l’été 2023.
Sur le sujet de la mobilité et alors que de nombreuses personnes sont en recherche d’alternatives durables, le voyage en car est une option de plus en plus répandue en France. Les bus, moyen de transport terrestre plus économique, ont ainsi observé un essor significatif en représentant une manière de maitriser le coût du trajet pour se rendre à destination.
De nombreux consommateurs ne manquent pas par ailleurs de plébisciter certains séjours « all inclusive » à l’étranger qui s’avèrent plus accessibles économiquement que des séjours « traditionnels » en France, même si ceux-ci occasionnent des trajets aériens, fortement contributeurs en gaz à effet de serre.
Une prise de conscience toute relative de l’urgence climatique
Tandis qu’une minorité de consommateurs souhaite renoncer à l’aérien et malgré les efforts employés par les militants écologistes pour détourner leurs concitoyens de l’avion, la majorité des Français y restent toujours aussi attachés et n’ont pas l’intention d’y renoncer, y compris les jeunes pourtant réputés plus sensibles à l’écologie.
Selon un sondage Ipsos réalisé pour l’Alliance France Tourisme auprès d’un échantillon de 18-34 ans, publié récemment par le « JDD », plus d’un jeune interrogé sur deux (54 %) cite l’avion comme mode de transport favori pour partir en vacances, juste derrière la voiture (65 %). Rappelons aussi le rapport publié en juillet 2023 par l’ONG Greenpeace « Analyse comparative du prix des billets d’avion et de train en Europe », qui sur une étude de 112 itinéraires européens, soulignait que les billets d’avion étaient en moyenne deux fois moins chers que le train.
Le décalage entre les préoccupations environnementales et les pratiques des Français est également relevé par le dernier rapport de la chaire Pégase de l’université de Montpellier. Selon cette étude annuelle consacrée au transport aérien, seulement 12 % des Français interrogés, sur un échantillon représentatif de 1000 personnes, déclarent avoir honte de prendre l’avion.
Entre paradoxes et contradictions, retenons toutefois que les Français s’adaptent à leur pouvoir d’achat. L’évolution des comportements touristiques laisse encore présager de nombreuses adaptations voire ruptures avec des comportements touristiques traditionnels.
Dans l’attente de disposer des bilans consolidés de la saison pour préciser ces tendances, continuons à nous mobiliser collectivement et d’innover pour toujours mieux combiner sobriété, écoresponsabilité, attractivité des produits et services et cohérence !
