« Le tourisme de demain : résilient, bienveillant et bas carbone »
« Une participation à la restauration de la biodiversité »
« Un tourisme qui contribue à la lutte contre les changements climatiques »
« Un outil pour faire évoluer durablement les mentalités »

7e Universités du Tourisme Durable autour de la thématique « S’adapter »

Activité de whale watching évoquée par Lamya Essemlali aux Université du Tourisme Durable
Les 28 et 29 septembre dernier, 350 participants se sont réunis au Havre pour la 7e édition des Universités du Tourisme Durable organisée par les Acteurs du Tourisme Durable et la Région Normandie.

La journée s’ouvre sur quelques chiffres alarmants issus du dernier rapport du GIEC et de l’étude récente de l’ADEME : le tourisme en France contribue à 11% des émissions nationales de gaz à effet de serre. Comme le conclura à la fin de la journée Michael Dodds, directeur du Comité Régional du Tourisme de Normandie, face à ce constat « on est obligé de réussir ». Pour autant la conduite du changement n’est pas facile. Il faudra bien du courage aux différents acteurs pour entamer la transition vers un tourisme plus durable.

Du courage, voilà un terme qui « colle » bien à l’ONG Sea Sheperd, qui milite pour la préservation des océans. Sa présidente en France, Lamya Essemlali, intervient en ouverture de ces Universités comme grand témoin. S’appuyant sur son vécu de terrain au sein de l’ONG, Lamya Essemlali nous réveille avec ses observations sans filtre et ses questionnements sur l’impact du tourisme et le rôle qu’il peut jouer dans la préservation de la biodiversité.

Le tourisme, une activité de prédation

« Les Galapagos ne sont plus que l’ombre de ce qu’ils étaient il y a quelques années ». Nous voici de suite dans le vif du sujet. Marquée par la perte de biodiversité, constatée de visu chaque année sur l’île, Lamya Essemlali souligne à quel point l’Homme est un prédateur puissant et envahissant. Pour satisfaire son besoin de consommation immédiate, il n’hésite pas à modifier, détruire les éco-systèmes qui l’entourent, suivant une vision « court-termiste ». Ainsi, aux Galapagos, la hausse du tourisme engendre une artificialisation des sols (construction d’hôtels notamment), ainsi qu’une surpêche de la ressource (consommation dans les restaurants) qui mènent au terrible déclin de la biodiversité.

L’Homme sur un piédestal s’érige en unique et puissant gestionnaire de la vie.

Mais notre espèce va-t-elle si bien ? Et de citer les trois signes avant-coureurs de l’extinction d’une espèce : l’explosion démographique, l’épuisement des ressources, l’occupation de toutes les niches écologiques. A méditer…

Alors, que peut-on faire dans le champ du tourisme pour participer à la préservation de la biodiversité et à la viabilité de nos écosystèmes ?

Un voyageur conscient de ses impacts

Un tourisme engagé devrait militer pour la préservation de ce qu’il utilise. Ainsi, il est nécessaire de transiter du touriste qui consomme au voyageur qui découvre. Ce voyageur devra être conscient de ses impacts pour voyager autrement. Sait-on seulement que la première cause de destruction des habitats naturels dans le monde est l’industrie de la viande et de la pêche ? En France, nous sommes très peu sensibilisés à ce sujet et le mouvement vegan souffre encore trop d’une mauvaise image. Ainsi, chez soi, comme lorsque l’on voyage dans des lieux particulièrement vulnérables, tels que les Galapagos, nos choix alimentaires doivent être pensés et repensés.

Le tourisme comme outil de sensibilisation

Les Français connaissent très peu l’océan. Peu sont ceux qui savent que Mayotte, département français d’Outre-Mer, détient le 3e plus grand lagon du monde. A l’ombre des projecteurs touristiques, l’archipel, joyau de biodiversité, subit pourtant le braconnage incessant des tortues en toute impunité. Le tourisme doit permettre de mettre en lumière ces richesses, afin de sensibiliser et d’enclencher une prise de conscience. Prise de conscience qui facilitera les changements de comportement pour une meilleure protection du vivant. Mais attention, la limite est fine pour ne pas tomber dans une activité prédatrice comme les autres industries. Choisir une activité de « whale watching », c’est en effet mieux faire connaître la biodiversité, sensibiliser aux richesses du monde marin, mais c’est aussi à nouveau déranger les espèces et fragiliser les milieux.

Retreindre et contraindre

Alors, à l’instar des déchets, le meilleur touriste est-il celui que l’on ne produit pas ? Il est essentiel de toujours placer le respect du vivant au centre de toutes décisions, et de savoir s’auto-limiter. Malheureusement, cela ne suffit pas et des règles strictes seront nécessaires pour encadrer la pratique et enrayer la catastrophe écologique. Au regard de la vulnérabilité de nombreux habitats naturels, oui, il est nécessaire de restreindre l’accès à certains sites et pratiques. Mais restreindre comment et à qui ? Cela pose de nombreuses questions éthiques… Des questions qui seront abordées lors des futurs ateliers de la journée.

Le tourisme au service du devoir de mémoire

Dans l’Histoire, le devoir de mémoire permet de se souvenir des erreurs du passé, afin de ne pas les reproduire. Un parallèle intéressant est fait avec les ressources naturelles de la planète. Pour la première fois, une espèce – l’Homme – participe à l’extinction massive de l’ensemble des espèces, en un temps record. Qui consigne les erreurs commises ? Qui transmet l’histoire de la biodiversité afin de se souvenir ? Quel recul peut-on avoir sans ce récit commun historique ? Qui se rappellera que les Galapagos présentaient une faune et une flore époustouflante ? Le tourisme pourrait jouer un rôle dans ce devoir de mémoire.

Le mirage dangereux des petits gestes

A la question « les labels peuvent-ils représenter une solution ? », Lamya Essemlali répond « attention ». A titre d’exemple, la construction d’un nouvel hôtel sur un habitat naturel, tout écolabellisé soit-il, participe au désastre de l’artificialisation des sols. Les labels affichés enfoncent parfois des portes ouvertes et permettent souvent aux acteurs de gagner du temps, sans s’atteler aux véritables combats à mener.

 

Les ateliers qui ont suivi ont permis d’aborder certains de ces sujets, sur la base d’exemples concrets : la gestion de la surfréquentation sur certains espaces naturels sensibles en France, la mise en place de nouveaux indicateurs, les démarches entreprises par certains musées et sites de visites… Articles à suivre.

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