Ça n’a échappé à personne. Le tourisme durable a le vent en poupe ! En tant qu’actrices et acteurs du tourisme, vous avez dû observer mieux que personne ce nouvel engouement pour les activités de pleine nature ou encore pour les circuits courts. Une chose est sûre, les médias ne sont pas passés à côté de ces nouvelles habitudes de consommation post crise sanitaire. Certains ont même eu la bonne idée de surfer sur la tendance par un petit coup de projecteur sur nos grands espaces naturels sensibles. Mais au fond, il y a de quoi se réjouir non ? Les Français.e.s apprécient et s’intéressent à nos belles ressources naturelles. Sur ce point-là, pas de doute… ou du moins à une condition et pas n’importe laquelle : orchestrer ce nouvel afflux afin que l’activité touristique renforcée ne se traduise pas en énièmes pressions supplémentaires et dévastatrices.
C’est le message que nous rappelle les Grands Sites de France avec leur dernière publication sur la gestion durable de la fréquentation touristique.
Qui sont-ils ? Et pourquoi cette ultime publication ?
Le projet Grand Site, pour rappel, ce n’est pas n’importe quel défi. On peut le résumer simplement : il s’agit de maintenir de magnifiques sites particulièrement identitaires et adulés ouverts à toutes et à tous TOUT EN protégeant leur essence même qui constitue la raison de leur attractivité. Et le réseau a trouvé une belle appellation poétique pour désigner ce trésor qu’il convient de préserver : « l’esprit des lieux ».
Pas très étonnant donc ce nouveau guide sur les enjeux de fréquentation ! D’autant plus, qu’il arrive juste après le lancement du nouveau plan national d’Atout France … sur la gestion des flux, on reste dans le thème.
De quoi ça parle ?
Conjuguant méthodes et pratiques, ce petit guide de tout de même 70 pages (ce résumé de lecture, s’impose !) rappelle subtilement le rôle et l’importance de la mobilisation des collectivités en charge de ces « opérations » (vocabulaire militaire exigé) Grands Sites. Et pour bien faire passer le message, le guide rappelle en introduction les écueils du passé liés à la massification du tourisme du siècle dernier qu’ils ont dû subir. Car réparer les dégâts, une fois qu’ils sont causés, n’est pas toujours évident.
Alors on vous invite à piocher deux ou trois belles idées dans cette « boite à outil » bien documentée. Et ce, que vous soyez un hot spot international du tourisme ou une destination plus confidentielle. Eh oui, personne n’est épargné. Saturation et petites pépites naturelles, c’est possible et même de plus en plus fréquent.
Pour vous y retrouvez, le guide répertorie les nombreux retours d’expériences en 10 leviers d’actions qui sont :
- La gouvernance
- L’observation
- La réglementation
- L’aménagement
- L’organisation des flux motorisés
- L’adaptation aux mobilités douces (surprenant non ? les cyclotouristes peuvent aussi être responsables de surtourisme !)
- La qualification de l’offre
- La gestion des activités de pleine nature
- Sans oublier la communication
- Ainsi que l’accueil et la médiation
Pas mal, non ? A tout cela, nous soulignons 4 ingrédients magiques transversaux de par sa lecture studieuse ; à savoir :
Le courage, et pas qu’un peu
On imagine bien que c’est ce qu’il a fallu au Grand Site du Massif du Canigó pour fermer pas moins de 40km de pistes motorisées reliant son sommet ! Et ainsi de parvenir à abaisser la pénétration des véhicules à moteur sous les 100 mètres d’altitude. Bon, du courage mais ce n’est pas tout … on se doit également de mentionner la concertation renforcée qu’ils ont menée ainsi qu’un important travail sur leur offre de cheminements doux. Bravo à ces porteurs de projets qui doivent soutenir ces décisions faisant rarement l’unanimité afin de parvenir à sauver leurs paysages.
De la réactivité
Même si cette fermeture ne s’est sûrement pas faite en un claquement de doigt et que de tels projets s’inscrivent sur le long terme, il y a aussi, à côté de ça, tout un nombre d’urgences à gérer. Et quand on se trouve en espaces naturels sensibles, ces petits besoins pressants peuvent vite revêtir une importance capitale si on ne rectifie pas le tir. C’est l’exemple des médias cité précédemment. Conjugué au dynamisme des réseaux sociaux, les maladresses et messages non adaptés peuvent rapidement se diffuser.
Et comment faire dans la pratique ? On a un exemple bien concret avec le projet Grand Site des Falaises d’Etretat – Côte d’Albâtre : une conversation instantanée entre gestionnaires et partenaires sur laquelle tous les acteurs de l’opération signalent les débordements et conflits d’usages
Mais aussi de l’implication
Il va falloir se retrousser les manches et mettre les mains à la pâte ! Pour vous motiver, on citera l’action du Conservatoire du Littoral avec la Dune du Pilat par le biais de l’acquisition foncière. Car après le dé-marketing, place au dés-aménagement ! Leur retour d’expérience illustre le pouvoir des institutionnels dans le contrôle de l’évolution des paysages. Un exemple parlant qui s’incarne à travers la suppression d’une cabane de résinier transformée en restaurant. Cela a permis d’une part de réduire considérablement l’impact visuel en redonnant quasiment aux lieux leur état naturel, mais aussi d’éviter sa privatisation et de faciliter les interventions.
Et en recours ultime : un léger brin de fermeté
On vous invite à jeter un œil à l’encart publicitaire fait en page 28 sur l’article l360-1 du code de l’environnement. Ce dernier permet dorénavant aux élus de limiter (voire d’interdire), en espace naturel protégé, la circulation non motorisée. Et promis, la démarche juridique n’est pas insurmontable. Les Gorges du l’Hérault l’ont fait pour mettre fin au piétinement et ainsi sauver les habitats naturels des sources du Parapluie. Une bonne base juridique à laquelle il faut allier des acteurs précieux en vue de son application : les forces de l’ordre et les agents assermentés.
Alors, ce résumé vous donne envie d’en savoir plus ? Curieux et curieuses trouveront de nombreux autres retours d’expériences innovants à se mettre sous la dent à travers ce manifeste pour un tourisme apaisé !