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Le 15 juin dernier sur France Culture, alors que les pays réouvraient peu à peu leurs frontières pour la saison estivale, quatre spécialistes ont exposé leurs points de vue sur le tourisme de masse en temps de pandémie.
Le tourisme de masse ou surtourisme est ici défini comme « une destination qui vit mal sa fréquentation touristique ». Il s’agit d’un tourisme qui s’évalue à un moment donné de l’année ou en continu selon les destinations. Grandes villes ou sites touristiques majeurs, certains lieux souffrent d’un encadrement mal contrôlé qui très concrètement affecte les populations locales, détruit l’environnement, met en danger la biodiversité, favorise les transports en avion et donc les émissions de gaz à effet de serre, sature les itinéraires routiers, encourage des conditions de travail précaires, etc. Et si le virus pouvait court-circuiter le tourisme de masse et encourager de nouveaux modèles alternatifs du tourisme ? Plusieurs thématiques alimentent le débat.
Certaines villes souffrent aujourd’hui d’une baisse conséquente de leur fréquentation touristique, telles que Venise, et rencontrent donc des difficultés économiques dues à la dépendance à ce secteur. Cela s’avère particulièrement paradoxal et démontre que ce modèle n’est pas viable. Cependant, comment coupler cette volonté de diversifier le modèle avec un besoin inévitable de « rattrapage » face aux recettes touristiques perdues ? Quelles bonnes pratiques pour combiner une reprise économique et un tourisme qui ne soit pas pensé uniquement à travers le prisme de la quantité ?
Fin de la recherche du profit à tout prix
Fini la course aux chiffres, il semble nécessaire aujourd’hui de miser sur la qualité plutôt que la quantité en se concentrant sur les indicateurs de qualité de la destination, à commencer par le bien-être des populations locales par exemple. Autre proposition : la qualification de la proximité.
Les futurs touristes doivent être amenés à faire le choix d’une destination proche de leur lieu de vie, mais pas pour une question de moyen, seulement par choix.
Régularisation des flux et diversification, sans remettre en jeu la démocratisation des vacances
Une juste gestion des flux, un équilibre dynamique qui profite à tous les territoires sans créer de nouvelles nuisances (transports), la diversification des offres et des clientèles… sont des options à envisager pour repenser ce modèle. Attention cependant, le tourisme de masse est souvent alimenté par les foyers plus modestes qui recherchent des destinations peu chères pouvant convenir à leur faible pouvoir d’achat.
Diversifier oui, mais sans tomber dans le tourisme de luxe ou d’élite. La démocratisation des vacances doit rester un prérequis.
Intervention de l’État pour encadrer le tourisme de masse
L’état Français a débloqué des aides pour le redressement d’Air France en contrepartie d’efforts en faveur de la transition écologique (réduction des vols entre les destinations qui sont desservies par le réseau ferroviaire, intégration de carburants alternatifs, renouvellement de la flotte pour des avions qui consomment moins…). L’Etat a donc un rôle moteur à jouer dans l’encadrement du tourisme à travers la proposition d’un ensemble d’exigences pour contrôler notamment le phénomène de surtourisme. Sans compter que dans ce contexte de crise, il est maintenant évident que l’industrie touristique est un secteur essentiel de l’économie française dont il est difficile de se passer.
Ainsi, on constate des changements en termes de fréquentation et de consommation touristique, certes contraintes, entre l’été 2019 et l’été 2020. Est-ce que l’été 2021 marquera un changement pérenne ? Sommes-nous face à un tournant majeur de notre secteur ?
Pour aller plus loin sur ce sujet, une étude complémentaire menée par nos voisins espagnols : « Il faut domestiquer le tourisme » en réponse au phénomène de surtourisme à Barcelone et aux Iles Baléares