Thomas Rosinski, de la Communauté de Communes des Vallées de Thônes, revient sur la gestion des activités de pleine nature

Le développement des activités de pleine nature est une réalité tangible dans de très nombreux territoires. La pandémie de Covid-19 a agi comme un accélérateur de cette tendance de fond qui représente ainsi une opportunité de développement pour des espaces naturels, a fortiori à proximité de grands pôles urbains. Mais c’est aussi un immense défi que de réussir à canaliser ces flux, à gérer les conflits d’usages qu’ils génèrent avec les habitants, les agriculteurs et les autres usagers ainsi que d’en faire un réel levier de développement économique, le modèle restant à construire.
C’est dans ce cadre que le territoire de la Communauté de Communes des Vallées de Thônes (CCVT) – situé en Haute-Savoie aux portes du bassin annécien – s’est engagé dans la rédaction d’un schéma de cohérence des activités de pleine nature (APN), résolument tourné vers la régulation, plutôt que vers le développement. En effet, la très forte attractivité du territoire et l’intensité des pratiques nécessitent une intervention forte et structurée des pouvoirs publics. Ce schéma a permis, entre autres, la mise en œuvre de solutions expérimentales qui nous sont présentées par Thomas Rosinski, Chargé de mission politiques contractuelles au sein de la collectivité.

Pouvez-vous nous présenter les principaux enjeux de fréquentation de vos espaces naturels par les pratiquants des APN ?

Gestion fréquentation APN mise en place de navettesEn 2023, la CCVT a engagé les travaux visant à définir un schéma des APN (Activités de Pleine Nature) à l’échelle de son territoire, accompagnée par le bureau d’études Atemia.

Une phase de concertation a été réalisée et il en ressort un consensus général, à savoir le nécessaire besoin d’encadrement des pratiques APN, plutôt que le développement de celles-ci autour des questions de mobilités, d’aménagements et de cohabitation des usages.

A l’issue de la phase de concertation, 4 chantiers ont été identifiés autour de :

  1. L’observation des pratiques pour définir les projets et évaluer leur impact,
  2. La gestion des flux (stationnement, place de la voiture, transport en commun, calcul de la capacité de charge des sites les plus sujets à la sur-fréquentation),
  3. L’émergence de modèles économiques viables,
  4. La conciliation (sensibilisation, pédagogie, aménagements, signalétique, voire réglementation).

 

Quelles actions avez-vous mises en place pour tenter de gérer ces flux ?

L’axe 3 du schéma est dédié à la gestion des flux et la conciliation des usages. Il prévoit notamment de :

  • Réaliser des aménagements et proposer des services favorisant une meilleure gestion des flux
  • Renforcer la sensibilisation des pratiquants à une fréquentation responsable

Gestion fréquentation APN mise en place de navettes

En matière de mobilité, des expérimentations ont été lancées durant l’été 2024 avec des fermetures d’accès à certains sites de pratique (col de la Colombière et col des Annes) et la mise en place de navettes. Une première tentative a eu lieu sur le week-end du 31/08-01/09 avec un week-end sans voiture dans les communes de La Clusaz et du Grand-Bornand (cofinancement via les reliquats de crédits Avenir Montagne ingénierie pour un coût global de 40 000€).

Concrètement :

  • la route d’accès était interdite avec présence de la police municipale pour le filtrage à 7h.
  • était prévu un parking navette avec une présence humaine et de la signalétique pour le guidage.
  • 3 ou 4 navettes ont tourné en permanence de 11h à 13h et de 14h30 à 17h.

 

Quel bilan faites-vous de cette première expérience ?

D’un point de vue quantitatif, nos navettes ont bien fonctionné puisque elles ont enregistré 1230 personnes pour la montée et 1 061 à la descente sur les 2 jours ! Concernant les premiers retours, d’après les remarques exprimées pendant le week-end, les randonneurs, socioprofessionnels et habitants étaient globalement satisfaits de l’initiative, tout en pointant la question du modèle économique de l’ensemble (gratuité pour cette première année).
Un renouvellement de l’expérience est prévu l’an prochain, avec une montée en puissance. Dans un second temps, nous envisageons de déployer des moyens d’information sur la fréquentation et la disponibilité des parkings.

 

Parallèlement, comment tentez-vous de mieux comprendre les flux de pratiquants sur votre territoire ?

En parallèle à ces expérimentations, nous suivrons les données d’observation de la fréquentation pour s’assurer de l’efficacité de la politique publique. Dix éco-compteurs ont ainsi été acquis et posés. Les six premiers ont été utilisés lors de la saison hivernale (suivi ski de randonnée notamment). L’exploitation des données par les services de la CCVT est en cours et sera partagée avec les acteurs concernés.

[Le territoire du Mont Saint-Michel fait lui appel à Flux vision pour améliorer la gestion de ses flux de visiteurs]

 

Sur quels dispositifs vous appuyez-vous pour sensibiliser vos visiteurs?

Nous avons mis en place un dispositif de médiation nature ces deux derniers été sur nos espaces naturels très fréquentés (attractifs et accessibles). Nos médiateurs vont à la rencontre des pratiquants pour les sensibiliser au multi visage de la montagne (loisirs, foncier, pastoralisme…) et faire la promotion des bons comportements à adopter.

Deux techniques de médiation ont été employées :

  • Un stand fixe sur les points de passage ou de départ de randonnée du territoire : col des Aravis, col des Confins, Col de la Croix Fry, abords des refuges.
  • Une sensibilisation itinérante au fil des chemins les plus fréquentés.

Cela a représenté cet été 19 jours de présence terrain sur 9 sites différents pour 2 médiateurs et une sensibilisation de 2 000 personnes !

 

Enfin, question épineuse : comment gérez-vous le développement du bivouac sur votre territoire ?

Dans le cadre du schéma APN, il est également souhaité par les élus de mieux encadrer la pratique du bivouac, avec la possibilité de proposer des aires dédiées pour canaliser la pratique sur des lieux où cela est autorisé  ;  ceci en parallèle à des interdictions sur d’autres secteurs (fragiles ou utilisés pour des activités pastorales par exemple) .

Concernant cette expérimentation, nous avons encore à lever quelques freins et à traiter les questionnements liés à la création de ce type d’aires (quel mode de gestion ? quelle responsabilité légale ? comment déterminer leur lieu d’implantation ? quelles implications en termes d’urbanisme ?…).

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