« Le tourisme de demain : résilient, bienveillant et bas carbone »
« Une participation à la restauration de la biodiversité »
« Un tourisme qui contribue à la lutte contre les changements climatiques »
« Un outil pour faire évoluer durablement les mentalités »

Pierre-François Adam, responsable Innovation-Prospective et Entrepreneuriat au Cluster Montagne, évoque les enjeux à venir du tourisme en montagne

Pierre-François Adam Cluster Montagne
Responsable prospective, innovation et entrepreneuriat depuis 2015 au sein du Cluster Montagne, Pierre-François Adam partage avec nous sa vision des enjeux qui touchent le secteur du tourisme en montagne et revient sur les démarches en cours menées avec les acteurs publics et privés.

 

Pouvez-vous vous présenter brièvement  ?

Après différentes expériences professionnelles dans l’agroalimentaire, l’ingénierie de service, le conseil en innovation ou l’entrepreneuriat, j’ai intégré le Cluster Montagne en 2015 en tant que responsable prospective, innovation et développement durable. Mon rôle est de créer et animer une démarche d’innovation collaborative visant à répondre aux enjeux de la filière de l’aménagement touristique de la montagne : durabilité, interactivité, sécurité, concertation, accessibilité, ludisme et performance. Je suis également en charge de la coordination de la stratégie de Développement Durable du Cluster Montagne, lancée en 2020.

 

Quels sont pour vous les enjeux auxquels doit faire face le secteur du tourisme, et notamment celui de la montagne qui vous concerne particulièrement ?

En cela, le secteur du tourisme de montagne est passionnant car il mêle des enjeux de développement territorial, de respect des ressources naturelles et de développement économique et ce, à différentes échelles.

Regardons par exemple les enjeux de mobilité. Le transport représente très souvent le principal impact environnemental d’un séjour, alors qu’il est l’essence même du tourisme : se déplacer, voyager… D’un autre côté, le tourisme est aussi vecteur de connaissances, d’ouverture d’esprit, de créativité, de stabilisation et de paix au niveau mondial. Réduire l’impact lié à la mobilité est important pour le climat, mais quel est le bon équilibre ? Faut-il « assumer » l’impact de cette mobilité et optimiser tout ce qui peut l’être au niveau local ? Faut-il changer les « règles du jeu du tourisme » en valorisant des voyages moins « industriels » et plus longs dans la durée afin de « rentabiliser » le CO2 émis ? Certains imaginent limiter carrément le volume de touristes au niveau mondial. Ces options sont encore trop en friction avec les usages et modèles d’affaires actuels, mais elles suggèrent néanmoins des solutions pragmatiques à explorer, peut-être à plus petite échelle, en complément de solutions technologiques réalistes.

En outre, une des principales préoccupations des acteurs du tourisme reste de s’adapter aux attentes des nouvelles clientèles. Au-delà de s’adapter, nous pouvons aussi nous inspirer des évolutions sociétales pour être proactifs et créatifs. Dans le 3e opus de notre Cahier de Tendances Montagne[s], nous avons par exemple mis en avant la tendance du Do It Yourself -DIY (cf. interview de Philippe MOATI « Dans l’œil de l’observateur des loisirs des Français »). Ce loisir « actif » favorise les apprentissages, crée du lien social et, au final, améliore le bien-être des pratiquants. C’est, selon moi, une bonne piste d’innovation pour améliorer l’expérience client, d’autant plus que la montagne est naturellement un territoire d’apprentissage et d’interactions émotionnelles .

Sur ces sujets de nature « sociologique », je suis convaincu que nous gagnerions à raisonner « low tech » dans les solutions apportées.

La gouvernance est un autre enjeu stratégique dans l’offre touristique de montagne, puisque c’est son organisation qui détermine la qualité, la rapidité et la justesse des décisions qui seront prises pour le court ou long terme. Les bonnes pratiques sont nombreuses, mais savons-nous ce que devrait être une gouvernance adaptée aux nouveaux enjeux en montagne ? Le Cluster Montagne a intégré en 2021 la Chaire multi partenaires « Territoires en Transition » portée par Grenoble Ecole de Management, afin de contribuer à l’effort de recherche sur ces sujets. A suivre…

Enfin, les enjeux d’innovation sont aussi très liés au cadre réglementaire. La législation peut-elle s’adapter plus finement aux différents contextes des territoires de montagne et vice-versa ? En effet, certaines idées ou décisions peuvent être naturellement contraintes par le cadre législatif, alors même que leurs impacts économiques, sociaux et environnementaux seraient positifs. Tout en garantissant certains garde-fous importants aux yeux de la société civile, il y a pour moi un travail à faire pour favoriser l’innovation en montagne. Je pense notamment à des normes adaptées aux enjeux de l’économie circulaire, à la facilitation d’achats publics innovants, ou à une flexibilité législative adaptée à la fréquentation, à l’activité et au modèle d’affaires de certains sites touristiques de montagne.

 

Quel serait le futur désirable du tourisme en montagne pour vous ?

Là encore, tout est une question d’équilibre. Pour y parvenir, nous affirmons dans le Manifeste du Cluster Montagne cinq valeurs centrales pour notre réseau :
– Une montagne vivante
– Une montagne innovante
– Une montagne « bas carbone »
– Une montagne bienveillante
– Une montagne accueillante

A titre personnel, j’imagine que nous pourrions davantage valoriser un tourisme local, c’est-à-dire national, voire européen. A cette échelle, l’offre est déjà très variée et contenterait une large partie des besoins. De façon plus large, je suis également convaincu que nos sociétés auraient un intérêt à créer une « culture environnementale commune » permettant d’objectiver les conséquences de nos choix, dans une logique de responsabilisation et non de culpabilisation que l’on observe, hélas, trop selon moi. Pourquoi ne pas imaginer une « étiquette impact touristique » qui puisse nous donner les clés de lecture, comme on le fait aujourd’hui avec les « étiquettes énergie » pour l’électroménager ? Libre à chacun de faire ses choix ensuite en connaissance de cause.

 

Quels sont les travaux menés actuellement par le Cluster Montagne pour répondre à ces enjeux et rejoindre ce futur désirable ?

Globalement, nous fonctionnons en plusieurs étapes :

  • Etape 1 : nous menons des travaux de prospective au travers notamment des « Cahiers de Tendances Montagne[s] », afin d’identifier des tendances et inspirer les stratégies d’entreprises..
  • Etape 2 : nous identifions et nous stimulons la création de solutions, auprès des membres du Cluster Montagne.
  • Etape 3 : grâce au dispositif « Cluster Montagne Labs », laboratoire d’idée et de test, nous mettons en relation nos membres et nos territoires partenaires, dans l’objectif de favoriser l’innovation collaborative de façon pragmatique.

En parallèle, nous animons une stratégie de développement durable, qui passe notamment par un plan d’action visant à diminuer notre impact et l’évaluer à l’aide d’indicateurs. Nous travaillons aussi à l’accompagnement de notre réseau en ce sens : sensibilisation, montée en compétences, création d’outils. A titre d’exemple, nous avons conduit en 2021 un programme d’actions collectives en réalisant un Bilan Carbone® pour 16 entreprises (en collaboration avec DSF et OSV). Ce dernier nous a permis de rédiger un guide filière avec le soutien de l’Ademe, ainsi qu’un outil d’auto-évaluation.

En 2022, nous consolidons ce pôle Développement Durable avec une ressource dédiée afin de mener d’autres actions : module de formation, actions de sensibilisation, création d’un outil pour une politique d’achats responsables et sourcing de fournisseurs…

Le réseau du Cluster Montagne a beaucoup évolué ces dernières années en termes de réflexion et d’actions pour mener un développement économique respectant le climat. Les actions proposées suscitent d’ailleurs toujours plus d’intérêt.

Sur ce sujet, nous sommes tous quelque part en « phase d’apprentissage » et la dynamique d’entre-aide que propose le réseau du Cluster Montagne est capitale.

 

Comment voyez-vous votre rôle et votre intervention au sein du Cluster depuis le cœur du réacteur ?

Avec mes collègues, nous avons l’habitude de dire que nous sommes des « catalyseurs » : les choses se feront de toute façon, mais à nos côtés, elles vont plus vite ! Aussi, j’apporte au réseau du Cluster Montagne mes compétences d’animation et structuration de projets collaboratifs. C’est un sujet passionnant, puisqu’il permet de donner plus de connaissances, plus de pragmatisme et plus d’ambition à des projets toujours plus adaptés aux enjeux qui sont les nôtres.

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