Le changement climatique s’envisage comme un défi considérable pour les sociétés humaines. Un impératif désormais communément admis par tous s’impose : celui d’anticiper et d’adapter les activités socio-économiques pour atténuer les impacts des effets du changement climatique. Le secteur touristique n’y échappe évidemment pas. L’enjeu réside ni plus ni moins dans le maintien de la valeur que le secteur crée pour les territoires.
D’un point de vue touristique, les quelques tendances suivantes se combineront à d’autres en fonction des évolutions climatiques observées sur les territoires et selon la nature des activités qui y sont implantées :
- La hausse des températures redistribuera inéluctablement les flux touristiques au sein des destinations jugées « plus accueillantes » ;
- Le critère de « climatisme » augmentera dans les choix des clientèles pour supporter des canicules qui se feront plus fréquentes;
- Les acteurs et les sites touristiques devront composer avec des fluctuations de fréquentation toujours plus fortes, à la hausse ou à la baisse ;
- Des tensions sur les ressources essentielles au tourisme, l’eau en premier lieu, pourront conduire à des restrictions de consommation et d’usage et annoncent un défi pour maintenir la qualité de service ;
- Les infrastructures devront aussi apprendre à résister aux évènements climatiques et aux dégâts qu’ils sont susceptibles de causer ;
- La distance et les trajets à parcourir, l’accessibilité et les modes de transport seront appréhendés différemment par les clientèles touristiques discriminant les territoires selon leur politique d’aménagement ;
- etc.
En résumé, les modèles touristiques devront « pivoter » du point de vue de leur stratégie pour s’adapter. La crise COVID-19, à travers son caractère global et brutal, n’a d’ailleurs pas manqué de révéler, au-delà de la vulnérabilité du secteur, la volatilité des clientèles et l’immédiateté des mutations des pratiques touristiques. L’anticipation est donc inéluctablement le maître mot pour envisager avec sérénité, sinon confiance, les changements à venir.
Ce défi d’adaptation incombe ainsi à chaque partie prenante de notre société et invite chaque acteur du secteur à réfléchir, innover, anticiper, planifier, agir. Face à l’ampleur de la tâche, et au-delà de partager ce constat, la question peut se poser du « comment procéder ? ».
Une nouvelle norme internationale a vu le jour en ce sens. Publié en juillet 2019, la norme ISO 14 090 – Principes, exigences et lignes directrices préfigure d’une série de normes ISO à venir dans ce domaine. Un outil normatif « robuste » au service d’un objectif à la fois simple et complexe : aider les organismes à évaluer les impacts du changement climatique et à mettre en place des plans d’actions efficaces.
La réflexion consiste à identifier et gérer les risques mais aussi tirer partie des opportunités que peut générer le changement climatique. Ainsi, peut-être que certaines destinations plus confidentielles bénéficieront d’un regain d’intérêt pour des touristes à la recherche de valeurs et d’expériences alternatives (proximité, patrimoine naturel, produits locaux, écomobilité touristique, itinérance, etc.).
L’évaluation des risques et de la vulnérabilité sont au cœur de la réflexion en réfléchissant de manière systémique et tenant compte des autres secteurs de dépendance. Il s’agit ni plus ni moins pour la collectivité, l’organisme ou l’entreprise de mobiliser et développer ses capacités d’adaptation. Celles-ci doivent être mises au service d’un plan d’actions destiné à maximiser l’anticipation et la résilience du territoire, de l’entreprise, ou encore du site touristique.
Un projet potentiellement fédérateur pour sensibiliser et rallier ses équipes et partenaires en faveur d’une cause commune !
D’autres normes sont en préparation. La norme ISO 14091 traitera ainsi de la vulnérabilité, des impacts et de l’évaluation du risque, tandis que la norme ISO 14092 portera sur la gestion des gaz à effet de serre et activités associées. Elle définira les exigences et les lignes directrices pour la planification de l’adaptation des organismes, notamment des pouvoirs publics locaux et des collectivités locales.